Sérgio & Odair Assad

Faut-il encore présenter Sérgio et Odair Assad, ce tandem époustouflant dont les guitares ont fait tant de fois le tour du monde ? Nés à Mococa, petite ville de l’intérieur du Brésil, les deux frères font l’apprentissage de la musique populaire avec leur père, mandoliniste amateur, qu’ils accompagnent dans le répertoire du chôro traditionnel. La connivence naturelle et le talent extraordinaire des deux enfants incitent Jorge Assad à chercher pour ses fils un enseignement musical approprié, il le trouvera à Rio de Janeiro auprès de Monina Tavora (1921-2011) — guitariste et luthiste argentine, disciple d’Andrés Segovia – qui, pendant sept ans, forme les deux frères prodiges. C’est dans leur Brésil natal que Sérgio et Odair, encore enfants, donnent leurs premiers concerts ; adolescents, ils font leurs débuts à New York, en 1969.

En plus de quarante ans de vie professionnelle commune, les frères Assad ont accompli un parcours musical passionnant. Ayant pris pour base le répertoire classique du duo de guitares, Sérgio et Odair Assad y ajoutent, dans un premier temps, les contributions des brésiliens Radamés Gnattali, Francisco Mignone et Heitor Villa Lobos auxquels se joindront plus tard des œuvres de Marlos Nobre, Edino Krieger, Egberto Gismonti, Wagner Tiso et Hermeto Pascoal. Cette démarche correspond à la période des débuts en Europe de Sérgio et Odair Assad, dans les années ’80, et fait l’objet d’un premier album — Lo que vendrá — enregistré chez GHA Records, dont le magazine français Diapason fait l’éloge : « Leur travail acharné et leur imagination sans limites font de Sérgio et Odair Assad des chefs de file dans l’univers de la guitare, leur duo est un véritable phénomène que le temps et le mûrissement feront rentrer dans l’histoire ».

La personnalité fascinante des Frères Assad surprend et provoque l’enthousiasme du public. Littéralement subjugué de les entendre jouer chez des amis communs, à Paris, en 1983, Astor Piazzolla compose à leur intention trois tangos originaux pour deux guitares, la désormais célèbre Tango Suite qui figure aujourd’hui au répertoire de la plupart des duos de guitares du monde entier. Créée à Liège, deux ans plus tard, en présence d’Astor Piazzolla, cette Tango Suite fait partie du premier enregistrement de Sérgio et Odair Assad pour le label Nonesuch en 1985. Seize ans plus tard, ils en gravent une nouvelle version à l’occasion d’un album Nonesuch entièrement consacré à Piazzolla qui obtient le Grammy du « Best Tango Album ».

Lors de leur exploration des trésors baroques, Sérgio et Odair se partagent en frères les deux mains du clavecin de Rameau, Scarlatti, Bach et Couperin, une expérience fabuleuse qui donne naissance à un nouveau disque Nonesuch en 1993. « Les Frères Assad, souligne le chroniqueur du magazine Gramophone, apportent à tout ce qu’ils jouent une singulière combinaison d’influences, ils sont uniques dans le contrôle total et apparemment sans effort de leurs instruments, on les trouve aussi étroitement unis que les deux mains d’un pianiste »

Avec le temps, le duo peaufine cette manière surprenante et néanmoins harmonieuse qu’il a de mêler les époques, les styles et les cultures au sein d’un même programme de concert. Aux pièces écrites pour eux par Terry Riley, Roland Dyens, Nikita Koshkin et bien d’autres, les frères Assad ajoutent à leur répertoire d’audacieuses transcriptions d’œuvres de George Gershwin, Darius Milhaud, Alberto Ginastera et Claude Debussy qui laissent le public stupéfait de découvrir une lecture aussi colorée, rythmée et passionnante de pages qu’il croyait pourtant bien connaître. Au sortir d’un de leurs concerts, un journaliste du Seattle Post-Intelligencer écrit « Les Frères Assad n’ont pas leur pareil dans le monde de la musique, que ce soit pour l’étendue de leur créativité, la profondeur de leur musicalité et leurs capacités techniques ».

A partir de 1994, des sollicitations et collaborations variées viennent encore élargir le champ des activités musicales des deux frères : la musique du film japonais Natsu No Niwa, commandée à Sérgio Assad par le réalisateur Shinji Sumai, qu’ils enregistrent pour le label GHA Records, le concerto pour deux guitares et orchestre à cordes que leur dédie le compositeur brésilien Edino Krieger, présenté en concert aux USA, au Brésil et en Europe, et enregistré avec l’Orquesta de Cordoba, également chez GHA.

Leur conception personnelle de l’expression musicale font de Sérgio et Odair des partenaires recherchés dans le monde de la musique, plusieurs artistes souhaitent connaître le plaisir de jouer avec eux sur scène et en studio : le violoniste Gidon Kremer, la soprano Dawn Upshaw, le violoncelliste Yo-Yo Ma, le violoniste Fernando Suarez Paz, le clarinettiste Paquito D’Rivera et la violoniste Nadja Salerno Sonnenberg.

Lors d’une importante tournée avec l’Orquestra Sinfonica do Estado de São Paulo, en 2002, Sérgio et Odair Assad présentent le Concerto duplo du compositeur brésilien Marlos Nobre.

En 2003, à l’occasion de leur participation à l’album de Yo-Yo Ma Obrigado Brasil paru chez SONY et couronné d’un Grammy, les frères Assad se produisent avec le célèbre violoncelliste au Concertgebouw d’Amsterdam, au Kölner Philharmonie, au Barbican Hall, au Carnegie Hall, à Taiwan et dans plusieurs prestigieuses salles japonaises.

L’année 2004 est marquée par la réalisation d’un rêve que Sérgio et Odair nourrissaient dans leur cœur depuis longtemps, celui de réunir en concert les autres talents que compte leur extraordinaire famille : leur sœur, Badi, leurs enfants Clarice, Carolina, Rodrigo et Camille, mais aussi leurs parents! La mandoline de Jorge Assad et la voix d’Angelina Assad font partie de l’univers d’Odair, de Sérgio et de leur sœur Badi depuis leur plus tendre enfance, la magie de la musique s’est naturellement transmise à la génération suivante… Les trois représentations données à São Paulo par la Famille Assad en janvier 2004 étaient saluées par un journaliste de la presse écrite comme la « consécration d’une vie », se référant à l’action déterminante du père et grand-père, Jorge Assad, sur l’avenir professionnel de sa descendance. Ces concerts constituaient une sorte de prélude à la tournée aux USA du mois d’avril. Conquis de longue date par la forte personnalité du duo que forment Sérgio et Odair Assad, sept directeurs artistiques n’ont pas hésité à programmer ce spectacle familial dans leur saison musicale : la Famille Assad se produit à New Paltz, New York, Richmond, Tucson, Los Angeles, Chicago et Stanford. Au terme cette tournée Jorge Assad fête sur scène son 80ème anniversaire et chacun retourne chez soi : les grands-parents à São João da Boa Vista, Badi à São Paulo, Carolina à Rio de Janeiro, Sérgio et Rodrigo à Chicago, Odair à Bruxelles et Clarice à New York.

En octobre 2004, c’est au tour des publics parisien et bruxellois d’assister avec émotion à ce spectacle intense au cours duquel trois générations d’une même famille se partagent, sur scène, un siècle de musique brésilienne. La chaîne de télévision belge RTBF – La Deux réalise un documentaire sur le séjour à Bruxelles de la Famille Assad, l’album live A Brazilian Songbook du concert donné au Palais des Beaux Arts de Bruxelles et le DVD « A Moment of Pure Love » de ce concert sont édités chez GHA Records.

L’année 2005 est celle d’une nouvelle expérience musicale pour Sergio et Odair Assad, ils réalisent une tournée de concerts aux USA et en Europe avec le clarinettiste cubain Paquito D’Rivera suivie de près par une série de concerts avec le quatuor à cordes Turtle Island Quartet.

Fruit d’un travail de plusieurs années, l’album Jardim abandonado paraît chez Nonesuch Records en 2007, il cristallise l’approche tout personnelle de Sergio et Odair de la Rhapsody in Blue de George Gershwin, de Scaramouche de Darius Milhaud et de la Suite bergamasque de Claude Debussy. A ces chefs- d’œuvre classiques se joint l’étonnant Tahhiyya li Ossoulina, vibrant hommage des Frères Assad à leurs lointaines racines libanaises. Cette œuvre de Sergio Assad qui remporte le «Grammy 2008 de la meilleure composition» devient le point de départ d’un projet plus élaboré auquel se joignent trois autres membres de la famille Assad, Badi, Clarice et Carolina : un programme musical prenant sa source dans leur Brésil natal et remontant aux origines libanaises du grand-père paternel au travers de la composition Back to our Roots de Sergio Assad et de sa fille Clarice sur des textes de Daniel Basilio. Les quatre mouvements de cette suite décrivent la grande aventure de l’immigration : Départ, Espoir, Nostalgie et Bonheur. Choisi pour l’ouverture du festival de musique brésilienne du Concertgebouw d’Amsterdam en octobre 2011, ce projet familial est présenté plusieurs fois en Belgique dans le cadre d’Europalia Brasil ainsi qu’en Suède et en Allemagne ; il est également programmé dans plusieurs villes d’Europe au cours de l’année 2012.

Riche en événements musicaux, l’année 2012 réunit à nouveau les Frères Assad, le violoncelliste Yo-Yo Ma et la pianiste Kathryn Stott dans une importante tournée aux Etats Unis, elle compte également la création mondiale, à Columbus (Ohio), d’un concerto pour deux guitares commandé à Clarice Assad par l’orchestre de chambre Pro Musica, plusieurs tournées solo d’Odair Assad aux Etats Unis et en Europe, et la création de la « Semana Assad », hommage de la ville de São João da Boa Vista à une extraordinaire famille de musiciens.