Description
La musique du Brésil, comme la plupart des musiques d’Amérique latine, est le produit du croisement de trois cultures : celle des indiens, les premiers habitants du pays, celle de conquérants européens, et celle des esclaves venus d’Afrique. Ce mélange a donné naissance à des styles aussi nombreux que diversifiés qui se sont répandus sur le vaste territoire brésilien : forró, baião, frevo, maracatu, rancho, samba, maxixe, chôro, modinha, pour n’en citer que quelques-uns, sans oublier la voluptueuse bossa nova. Au cours du vingtième siècle, ces genres ont inspiré d’innombrables talents musicaux qui ont contribué au fabuleux développement de la musique populaire brésilienne.
> Egberto Gismonti (1947) occupe une place privilégiée parmi les compositeurs brésiliens d’aujourd’hui. Sa musique, aux frontières du populaire, du classique et du jazz, est divulguée dans le monde entier. Bien qu’ayant grandi au milieu de la musique populaire brésilienne, Gismonti a suivi une formation classique dans plusieurs disciplines : le piano, la composition, l’orchestration, et l’analyse auprès de Nadia Boulanger à Paris. Le pianiste Richie Beirach souligne, non sans humour, que la musique de Gismonti « sonne comme du Chopin s’il était né à Rio de Janeiro ».
> Alfredo Vianna, plus connu sous le nom de « Pixinguinha », est né en 1898. Lorsqu’il était enfant, sa grand-mère africaine avait l’habitude de l’appeler « pizindim » (bon garçon). Prononcé à la brésilienne, ce surnom est devenu Pixinguinha, et est passé à la postérité. Fils d’un flûtiste amateur, c’est sur cet instrument que Pixinguinha porte d’abord son choix avant de se mettre aussi au saxophone dont il jouera exclusivement à partir de 1946. Très jeune, Pixinguinha se présente en public, accompagné à la guitare par deux de ses frères. Son habileté à orner les mélodies et à improviser impressionne beaucoup. A peu de temps de là, il se met à composer et crée son propre groupe, O grupo do Pixinguinha. Rebaptisé plus tard Os oito batutas, le groupe fait une grande tournée en Europe au début des années ‘20 pour y divulguer la musique brésilienne. Sur recommandation de Heitor Villa Lobos, Pixinguinha sera désigné vingt ans plus tard pour sélectionner les musiciens populaires participant à un enregistrement réalisé pour Léopold Stokowski et destiné à promouvoir la musique brésilienne aux Etats Unis. En 1929, Pixinguinha devient l’arrangeur officiel de l’orchestre de la maison de disques Victor, sa manière d’orchestrer et d’arranger va opérer une véritable révolution dans un milieu musical jusque là très influencé par les techniques étrangères. Quelques poètes ont écrit des paroles sur certaines musiques célèbres de Pixinguinha telles que Lamento (Vinícius de Moraes), Carinhoso (João de Barro), ou encore Rosa (Otávio de Souza).
Rosa est une typique valse brésilienne que Pixinguinha enregistra lui-même pour la première fois en 1922. Par la suite, cette pièce, véritable symbole de la notoriété de Pixinguinha, connut de nombreuses interprétations d’artistes brésiliens.
> Jacob Bittencourt est le plus grand mandoliniste de l’histoire du chôro brésilien. Au Brésil, on le connaît mieux sous le nom de Jacob do Bandolim ou même tout simplement Jacob tant sa personnalité a marqué le langage du chôro. Né à Rio de Janeiro en 1918, il reçoit adolescent une mandoline de type napolitain pour laquelle il se prend de passion. S’il s’engage très tôt dans la voie de la musique et fait partie de plusieurs groupes instrumentaux, Jacob do Bandolim met cependant un point d’honneur à ne pas faire de la musique son gagne-pain; il exerce différents métiers, vendeur, agent d’assurance, commerçant, aide pharmacien et… clerc de police, fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1969. Cette indépendance financière vis à vis du monde de la musique lui permet de se produire en concert quand bon lui semble, de composer à son rythme, et aussi de choisir lui-même ses éditeurs et ses maisons de disques. En 1947, Jacob enregistre un premier album solo qui sera suivi de plusieurs autres. Il fonde une vingtaine d’années plus tard son groupe Época de ouro (Age d’or) avec lequel il donne de nombreux concerts et participe à de nombreux programmes de télévision. En 1967, lors d’une émission télévisée présentée par la chanteuse Elizeth Cardoso, Jacob do Bandolim joue Naquele tempo de Pixinguinha, il est accompagné ce jour-là par deux très jeunes guitaristes qui s’appellent… Sérgio et Odair Assad!
Jacob Bittencourt est l’auteur de nombreuses compositions devenues des standards, c’est le cas de Noites cariocas (Nuits à Rio), Receita de Samba, Doce de côco…
> En juillet 2002, disparaissait Astor Piazzolla. Malgré ce peu de recul, on comprend de mieux en mieux pourtant l’importance et la place de son œuvre dans l‘histoire de la musique. Ses tangos « nouveaux » jouissent aujourd’hui d’une notoriété sans précédant dans le monde de la musique dite classique : les arrangements, les adaptations, les transcriptions et les enregistrements se multiplient, partout dans le monde sa musique est jouée avec passion, et un nombre grandissant de mémoires, de thèses et de livres sont consacrés à la vie et à l’œuvre d’Astor Piazzolla.
> Carlos Gardel, de son vrai nom Gardès, est né à Toulouse, en 1887. A l’âge de quatre ans, il s’installe avec sa mère à Buenos Aires. On ne sait pratiquement rien de sa formation de chanteur populaire (il aurait été l’élève de Eduardo Bonessi), mais plusieurs établissements musicaux se disputent l’honneur de ses débuts artistiques : el Abasto, Nueva Pompeya et el Congresso. A partir de 1915, Gardel forme avec le guitariste José Razzano ce qui deviendra le duo le plus célèbre de la chansonporteña. Les artistes se produisent non seulement dans tous les théâtres d’Argentine, mais font de grandes tournées en Europe et aux Etats Unis. Gardel fait ses débuts au cinéma en 1917, d’abord comme acteur de cinéma muet puis de cinéma parlant. Il meurt dans un accident d’avion le 24 juin 1935, ainsi que son secrétaire, son parolier et deux de ses guitaristes.
> De père espagnol et de mère argentine, Juan Carlos Cobian est né en 1896 à Pigüe, dans la province de Buenos Aires. Il a activement participé à l’évolution du tango, comme interprète et comme compositeur. Irrésistiblement attiré par le piano dont jouait sa sœur Dolorès, et sur l’insistance de cette dernière, Juan Carlos put entrer au conservatoire de sa ville dans la classe de Numa Rossotti, lui-même élève de Vincent d’Indy. Comme bien d’autres pianistes de son époque, Cobian commença à gagner sa vie en jouant de son instrument dans les bars et dans les cinémas muets. Il forma ensuite un trio avec le bandonéoniste Genaro Esposito et le violoniste Ernesto Zambonini. Plusieurs partenaires se succéderont dans cette formation en trio. Cobian est l’auteur d’un grand nombre de tangos et, à ce titre, il occupe une place importante dans l’histoire musicale argentine.
© Françoise-Emmanuelle Denis
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.