Eduardo Isaac

Le cours de danses folkloriques affichait « complet » lorsque Madame Isaac se présenta pour y inscrire son fils Eduardo âgé de sept ans. Par contre, il restait encore une place libre dans la classe de guitare, un hasard dont de nombreux prix internationaux allaient confirmer, par la suite, le caractère prémonitoire…

En 1989, Eduardo Isaac remportait, le concours organisé par « Le printemps de la guitare » : sa prestation époustouflante et magistrale lui faisait conquérir aussi, à son insu, sa place dans le catalogue GHA RECORDS aux côtés des Frères Assad, de Roberto Aussel, David Russell, Roland Dyens, Vladimir Mikulka et du Los Angeles Guitar Quartet.

Le premier disque d’Eduardo Isaac — Acentuado (GHA 126.008) — porteur en son temps d’un vent de nouveauté, révélait non seulement un artiste à la solide personnalité mais aussi un engagement esthétique d’une grande fermeté mis au service de compositions alors peu connues. Chaleureusement accueilli par la presse dès sa sortie, en 1990, cet album fait encore, treize ans plus tard, l’objet d’un commentaire élogieux dans le magazine français GUITARE CLASSIQUE qui en souligne la « totale réussite » et le classe parmi les éléments incontournables d’une discothèque idéale !

Intimement concerné par le langage contemporain de la guitare, l’artiste argentin lui réserve, au gré de ses découvertes, une place prépondérante dans les programmes de ses concerts et des enregistrements qu’il réalise en exclusivité pour le label GHA. L’inestimable contribution d’Eduardo Isaac au panorama discographique de son instrument trouve régulièrement un écho dans la presse spécialisée qui se plaît à souligner « son sens de la phrase musicale, sa sonorité à la fois limpide et profonde, son sens rythmique infaillible » (Le Monde de la Musique) et le « sens de la construction impressionnant » (Diapason) dont fait preuve ce musicien remarquable.

Des oeuvres peu enregistrées de Mario Castelnuovo Tedesco, Federico Moreno Torroba, Joquin Rodrigo, Manuel Ponce, Eduardo López-Chávarri, et Vicente Asencio trouvent sous les doigts d’Eduardo Isaac leur expression la plus pertinente. Ce répertoire néo-classique côtoie des pièces de Leo Brouwer, Roland Dyens, Dusan Bogdanovic, Frederic Hand et Bryan Lester, et de la musique argentine signée Astor Piazzolla, Walter Heinze et Carlos Aguirre que l’on retrouve dans Elogio de la guitarra (GHA 126.019), et dans Festiva, album récompensé d’un CHOC de la Musique en 1995.

Disciple de la célèbre école d’Abel Carlevaro, Eduardo Isaac réunit dans son album Evocacion (GHA 126.042) des compositions peu connues du maître uruguayen. En 1996, son enregistrement des Cuatro estaciones porteñas d’Astor Piazzolla (GHA 126.038) — adaptées pour la guitare par Sérgio Assad — suscite l’enthousiasme d’un critique musical qui déclare « pouvoir enfin entendre la musique du maître argentin idéalement interprétée ». Les quatre saisons de Piazzolla, dit-il, « ne sont certes pas restituées dans leur version originale pour quintette, mais l’art d’Eduardo Isaac est tel qu’il confère à son instrument l’apparence d’un ensemble de chambre, avec des basses qui font le dos rond, des accords qui se cambrent de plaisir et des aigus qui frissonnent d’aise » (Diapason). Cette expérience renforce la passion qu’éprouve Eduardo Isaac pour la musique de Piazzolla et l’oriente avec détermination vers une voie nouvelle, il adapte et enregistre huit tableaux de l’opéra Maria de Buenos de Buenos Aires (GHA 126.051) dont il « tire la quintessence (…) et qu’il restitue avec un son d’une rare profondeur et un sens exquis des couleurs » (Le Monde de la Musique). Un CHOC de la Musique est également décerné à cet enregistrement dont la prise de son est jugée « irréprochable »…

Le dernier album d’Eduardo Isaac — One for Helen (GHA 126.056) — est le fruit de sa profonde admiration pour Keith Jarrett, Bill Evans et Miles Davis, musiciens fabuleux auxquels il rend un vibrant hommage. « Mon amour pour cette musique, dit-il, m’a engagé à l’imaginer à la guitare et à réaliser ces adaptations en partant d’un principe, celui de traduire fidèlement l’idiome du compositeur au travers de ce que peut lui offrir mon instrument : sa sonorité intime, ses couleurs subtiles et sa fragilité touchante. Si ma recherche a du succès, le plus grand apport de cette démarche aura été de mettre en lumière la richesse d’une musique, bien plus que le moyen utilisé pour la traduire, tout en lui conservant son émotion pure et son envol sans limites ».