Description
Hughes Kolp, guitare à 10 cordes – Magali Rischette, guitare à 6 cordes – Adrien Brogna, guitare à 7 cordes
Dans le cadre de ce premier album, l’ALKI GUITAR TRIO a porté son choix sur des compositions d’auteurs nord-américains et brésiliens qui si elles s’adressent dans leur structure et leur complexité au talent d’interprètes classiques n’en flirtent pas moins avec la liberté d’expression et les accents spontanés propres au jazz et à la musique populaire. Hughes, Adrien et Magali apportent au répertoire encore assez restreint du trio de guitares des pièces nouvelles – composées à leur intention ou transcrites par leurs soins – auxquelles la combinaison de leurs guitares à six, sept et dix cordes confère un relief sonore particulier.
En 1926, année de leur publication, George Gershwin offre au public de l’Hôtel Roosevelt à New York la première audition de ses trois préludes pour piano. Ces courtes pièces qui à l’origine devaient faire partie d’un recueil bien plus important dégagent un parfum de jazz typique de la musique américaine de cette époque auquel se mêlent, dans le premier prélude, les syncopes du baião brésilien.
Les trois mouvements de la Suite Seattle puisent leur source dans les principaux quartiers de Seattle et dans l’histoire de cette ville que Kevin Callahan aime et connaît bien pour y vivre depuis de nombreuses années. Denny Regrade dont s’inspire le premier mouvement est le nom d’un lieu où de grandes quantités de terre ont été déplacées pour servir à la création de l’un des plus vieux quartiers de Seattle. Au cours de la construction de la villle, les planificateurs aplanissent la colline existante et en utilisent la terre pour prolonger le port. Le Regrade est un secteur urbain à l’activité intense où riches et pauvres cohabitent ; secrétaires, architectes, artistes, serveurs, manœuvres et avocats vivent et travaillent à côté de sans-abris et de chômeurs.
Des cellules rythmiques teintées de minimalisme évoquent, au début de la pièce, le bruit des machines pendant la phase de construction de Seattle tandis que la seconde moitié du mouvement présente des éléments de jazz et de blues recréant l’atmosphère musicale des bars de la ville.
C’est à Alki Point que débarquèrent en novembre 1851 les premiers colons européens, le « groupe Denny ». Ils trouvèrent auprès de la tribu Duwamish et de son chef, Seattle, l’aide nécessaire pour y affronter la rigueur de l’hiver. Depuis plus d’un siècle, les foules estivales recherchent tous les ans le charme de la plage d’Alki évoqué dans ce mouvement – lent et serein – qui porte son nom. Néanmoins, en son milieu, une section plus sombre se réfère au mois de novembre au cours duquel les colons récemment arrivés exploraient l’inconnu dans le froid et sous la pluie. Des éléments minimalistes sont également présents dans cette pièce à l’harmonie fortement teintée de jazz; les connaisseurs y reconnaîtront une citation de Wes Montgomery dans sa partie centrale.
Skid Row nous entraîne dans les bas-fonds de Seattle, plus précisément sur la « route Yesler » qui a vu grandir Jimi Hendrix, ainsi nommée parce que c’est de là que l’on faisait dévaler des rondins qui tombaient dans l’eau avec fracas pour être ensuite acheminés à la prospère scierie d’Henry Yesler. Suite au grand déclin économique américain, ce quartier est devenu celui des déshérités.
L’ouverture de ce troisième mouvement rend hommage au célèbre Purple Haze de Jimi Hendrix dont le thème sous-jacent apparaît, çà et là, en contrepoint à l’évocation sonore des rondins dégringolant du sommet de la colline. La structure du mouvement s’apparente à celle d’un rondo dont le refrain plein d’humour scande et conclut la pièce.
Quoique d’esthétiques très différentes, les pièces pour piano Tristorosa et Suite floral appartiennent à la période au cours de laquelle Villa Lobos, rassasié de voyages dans son Brésil natal et imprégné de la musique populaire des choroes, amorce une carrière de musicien « sérieux ». Il épouse la pianiste Lucília Guimarães auprès de qui il trouve appui et compétence, il publie ses premières compositions et se nourrit de découvertes, celle des Ballets Russes de Diaghilev en tournée au Brésil, l’arrivée à Rio de Darius Milhaud qui apporte avec lui la musique de Satie et Debussy et la rencontre avec le pianiste polonais Arthur Rubinstein dont l’amitié fidèle le stimulera à écrire pour le piano.
Ecrite en 1910, à l’âge de 23 ans, Tristorosa figure parmi les premières pièces pour piano de Heitor Villa Lobos ; cette valse nostalgique rappelle le répertoire des choroes et la musique de salon en vogue à l’époque. La personnalité et le talent du compositeur s’affirment quelques années plus tard dans l’écriture nettement plus élaborée de sa Suite floral dont les trois mouvements contrastés évoquent des scènes champêtres (Idylle dans le hamac, La paysanne chanteuse, Bonheur dans le jardin). Villa Lobos réalise, 20 ans plus tard, une version orchestrale de Alegria na horta pour l’intégrer dans la première des quatre suites pour orchestre qu’il compose pour le film Descobrimento do Brasil (Découverte du Brésil) du cinéaste brésilien Humberto Mauro (1897-1983).
Mauricio Carrilho compose la série de ses quinze Moacirsantosianas en hommage à Moacir Santos (1924-2006) au cours de l’année 2005. Si les premières pièces de la série présentent çà et là des aspects rythmiques, mélodiques et harmoniques rappelant le style de Moacir Santos, Mauricio Carrilho recherche ensuite délibérément à recréer l’atmosphère particulière à la musique de ce maître brésilien. La plupart des pièces sont conçues pour instruments à vent, mais la onzième – qui imite les rythmes de samba joués par les tambourins – est dédiée aux guitares du trio ALKI, ainsi que la dixième de caractère plus romantique.
Fuga y misterio est le cinquième des seize tableaux constituant l’opéra tango María de Buenos Airescomposé par Astor Piazzolla, en 1968, sur un livret d’Horacio Ferrer. Le puissant texte poétique de Ferrer fait apparaître María comme une allégorie du tango ; son histoire se confond avec l’histoire du tango et, a posteriori, avec celle de Piazzolla dont elle accompagne les métamorphoses successives. María quitte les faubourgs pour gagner la ville qui la fascine, elle succombe au charme du bandonéon et du tango et meurt après avoir connu son heure de gloire.
© Françoise-Emmanuelle Denis
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