Description
Au cours de sa vie, Dioniso Aguado se consacre principalement à l’étude minutieuse de son instrument. Il développe une technique approfondie de la guitare et envisage, fait nouveau pour l’époque, le volume et la qualité sonores. Aguado expose ces principes dans une méthode éditée à Madrid en 1820, ouvrage qui « contribue puissamment à renverser les anciennes routines » (1).
A Paris où il vit de 1825 à 1838, Aguado se lie d’amitié avec Fernando Sor, et devient occasionnellement son partenaire en concert. Soucieux d’obtenir un son clair et ample sur son instrument, le guitariste madrilène invente le tripodison, un trépied destiné à maintenir la guitare fermement, sans l’aide du corps, laissant ainsi les mains libres de se mouvoir sur les cordes, sans contraction, et d’explorer des régions de la touche où il n’était pas habituel de s’aventurer.
L’oeuvre de Dioniso Aguado est peu abondante, elle comprend, outre une série d’études de grand intérêt, des fantaisies, des valses, un fandango, des menuets et des rondos de concert qui révèlent la solide expérience de leur auteur.
(1) Ledhuy, Aguado
Johann Kaspar Mertz apprend très jeune à jouer de la guitare et de la flûte. Il vit de l’enseignement de la musique jusqu’aux environs de 1840, époque à laquelle il quitte sa Hongrie natale pour s’installer à Vienne, ville réputée pour son importante activité musicale. Le succès qu’il remporte lors d’un récital donné à la cour est tel que Mertz est nommé, peu de temps après, guitariste officiel de l’impératrice. Son excellente réputation de soliste l’engage à entreprendre une tournée de concerts en Pologne et en Russie. Plus tard, il se produit à Breslau, Berlin, Dresde, Altenburg et Leipzig. Au cours de ses voyages, il rencontre sa future épouse, la pianiste Joséphine Plantin, avec laquelle il jouera occasionnellement en duo. En 1842, le couple s’établit pour quelques années à Vienne où il occupe une situation très en vue au sein de la noblesse. Mertz se distingue non seulement comme virtuose de la guitare, mais il se fait aussi apprécier comme flûtiste, violoncelliste et mandoliniste.
En dépit d’une constitution peu robuste, le musicien continue à donner de prestigieux récitals, notamment en présence du roi Louis 1er de Bavière et du Grand Duc de Hesse Darmstadt. Peu avant sa mort, Mertz participe au concours de composition pour guitare organisé à Bruxelles par Nikolai Makaroff; son Concertino remporte le premier prix devant les 61 compositions présentées par trente concurrents, le second prix est attribué à son collègue français Napoléon Coste.
Compositeur prolifique, Mertz a laissé de la musique pour guitare d’une rare qualité, occupant une place de premier choix dans le répertoire du XIXe siècle.
Né à Reus dans la province de Tarragona, José Broca s’initie à la guitare en autodidacte, se basant sur la méthode de Dioniso Aguado qui, par la suite, lui donnera personnellement quelques leçons. Broca passe une grande partie de son enfance dans sa ville natale où il enseigne la guitare jusqu’à l’âge de 28 ans, puis il s’engage dans l’armée française pour une quinzaine d’années. Après la guerre, le guitariste espagnol s’établit comme professeur à Barcelone, et donne une série de concerts dans cette ville. Il se fait l’interprète de prédilection des oeuvres de Sor et d’Aguado. On le dit particulièrement brillant dans l’exécution des arpèges.
Son oeuvre comprend une vingtaine d’opus, dont une « Fantaisie, introduction, thème et variations » intitulée La Amistad écrite pour son élève et ami José Ferrer qui lui avait lui-même dédié sa pièce Recuerdos de Montgri . Broca compte aussi parmi ses disciples Cristina Palmer, Domingo Bonet et Miguel Mas Bargallo.
De père italien et de mère allemande, Giulio Regondi naît à Lyon en 1822. Cet enfant prodige fait le tour de toutes les cours d’Europe avant d’avoir atteint l’âge de 9 ans. Il a même l’occasion de se produire en duo avec Catherine Josepha Pelzer, une jeune guitariste très douée. Lors de cette présentation, on hisse les deux enfants sur une table pour qu’ils puissent être vus du public !
Regondi révèle très tôt une nature sensible et délicate des témoignages plus tardifs soulignent son extrême gentillesse et sa grande érudition. La musique de Regondi parvenue jusqu’à nous consiste en neuf compositions reflétant les qualités de leur auteur: grâce et virtuosité.
Originaire de Villacarillo, Gimenez Manjon perd l’usage de la vue à l’âge d’un an. Il décide, très jeune, de consacrer sa vie à la musique et fait de la guitare son inséparable compagne. Son collègue David del Castillo l’encourage à s’engager dans la carrière de concertiste malgré les difficultés que cela représente dans sa situation. Manjon séjourne à Paris à plusieurs reprises, ainsi qu’à Barcelone où il enseigne au conservatoire municipal.
Au programme des nombreux concerts qu’il donne, en Espagne, en France, en Angleterre, en Autriche, en Allemagne et en Russie, figurent des pièces de ses maîtres à penser — Sor et Aguado — mais aussi ses propres compositions. Comme son contemporain et compatriote Tarrega, Manjon transcrit pour son instrument des oeuvres de Beethoven et de Schubert qu’il met à son répertoire. En 1893, il part pour l’Amérique latine. Après avoir beaucoup voyagé, il s’établit pour une vingtaine d’années à Buenos Aires et y fonde un conservatoire de musique.
Au cours des années 1912 et 1913, le guitariste fait une nouvelle tournée en Europe puis il regagne Buenos Aires où il finira ses jours, laissant une quinzaine d’oeuvres d’inspiration espagnole et argentine ainsi qu’ une méthode de guitare en deux volumes.
Napoléon Coste doit son prénom à son père, officier de l’empereur, et à sa mère ses premières leçons de guitare. Dès l’âge de dix-huit ans, il exerce ses talents de pédagogue et de soliste. En 1828, il donne un concert à Valenciennes avec le guitariste Luigi Sagrini. Quelques années plus tard, à Paris où il étudie l’harmonie et le contrepoint, Coste côtoie les grands maîtres de la guitare de son temps. Son premier récital parisien a lieu en avril 1838, il y joue seul et en duo avec Fernando Sor âgé alors de soixante ans et dont c’est la dernière apparition en public. Sept ans après la mort de Sor, Coste édite une version revue et augmentée de sa méthode.
A partir de 1863, victime d’un accident au bras droit, Coste est contraint de renoncer à sa carrière de soliste, il se consacre désormais entièrement à la composition et à l’enseignement. Soucieux d’élargir les possibilités de la guitare, Coste utilise un instrument muni de sept cordes et de vingt-quatre barrettes, cet « instrument curieux et peut-être unique » (2) fait actuellement partie de la collection du musée instrumental de Paris.
A son époque, Coste n’est pas le seul à faire usage d’une guitare différente : Carulli, Mertz et Padovetz jouent sur des instruments à dix cordes, la guitare de Regondi en comporte huit et, plus tard, celle de Manjon en compte onze.
(2) Chouquet, Catalogue du musée instrumental
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