Description
Toutes les compositions enregistrées par Alexandre Bernoud sur cet album sont des pièces originales pour la guitare écrites dans le courant du 20ème siècle par des auteurs aux personnalités très contrastées.
La Jazz Sonata du compositeur serbe Dusan Bogdanovic date de 1982. Elle se base sur deux techniques de composition apparemment divergentes : la « forme sonate » qui apporte sa structure, et l’improvisation à laquelle un espace appréciable est réservé. L’élément rythmique prend sa source en Afrique et dans les Balkans tandis que l’harmonie et l’aspect mélodique dérivent du romantisme tardif et du jazz. Le premier mouvement suit assez strictement la « forme sonate », le second mouvement prend l’allure d’une ballade et le troisième est construit sur la répétition de motifs irréguliers. Le quatrième mouvement de la sonate – bâti sur un motif en 12/8 d’origine africaine – était destiné, à l’origine, à un groupe de rock fusion ! Après avoir enseigné au Conservatoire de Belgrade puis à San Francisco pendant de nombreuses années, Dusan Bogdanovic est revenu s’installer à Genève, la ville où il s’est formé auprès de Maria Livia Sao Marcos pour la guitare et de Pierre Wissmer pour la composition et l’orchestration.
C’est à Genève, son port d’attache de 1930 à 1935, qu’Andrés Segovia crée la Sonatina meridional achevée en 1932. Il avait suggéré à Manuel Ponce de composer « non pas une sonate, mais une Sonatina de caractère purement espagnol » qui pourrait être proposée à la maison Schott pour sa collection de partitions pour guitare de difficulté moyenne. L’intérêt du compositeur mexicain pour la guitare remonte à 1923, année de sa rencontre avec Andrés Segovia à l’occasion du premier concert de celui-ci à Mexico. Il dédie au virtuose sa Sonata Mexicana, et trouve bientôt en la personne de Segovia un fervent défenseur de sa musique. Le guitariste met les œuvres de Ponce au programme de ses concerts et lui apporte un soutien efficace dans l’édition de plusieurs sonates, préludes, airs variés, pièces de caractère populaire et du Concierto del sur.
Frank Martin assista-t-il à la création de la Sonatina meridional à Genève ? En tout cas, c’est dans cette ville qu’il réside, il y est né en 1890, dixième et dernier enfant d’un pasteur. On dit que Segovia aurait soumis au compositeur suisse des pages de Castelnuovo Tedesco destinées à lui faire découvrir l’écriture particulière à la guitare. En 1933, une copie manuscrite des Quatre pièces brèves – unique contribution de Martin au répertoire de la guitare – est adressée au guitariste espagnol. Inquiet du silence de ce dernier, le compositeur réalise, quelques mois plus tard, un arrangement sur les mêmes thèmes : l’œuvre, une suite pour le piano intitulée Guitare, est un portrait d’Andrés Segovia. A la demande de son ami le chef d’orchestre Ernest Ansermet, une version orchestrale des Quatre pièces brèves est réalisée et créée en 1934. On peut lire dans la « Défense de l’harmonie » de Frank Martin éditée en 1943 que « L’harmonie se passe dans la durée, comme la mélodie; comme elle, elle est modifiée par le facteur durée, par le rythme. Aucun accord n’a de sens que par la position qu’il occupe dans le mouvement harmonique ». Segovia a-t-il parcouru cet ouvrage ?
Un éclairage vers la musique sud-américaine nous est offert, dans cet enregistrement, par les univers sonores du colombien Jaime Cordoba et de l’argentin Carlos Aguirre. Formé à la musique par son père, Jaime Cordoba écrit très tôt des duos, trios et quatuors teintés de musique populaire colombienne. En Equateur où il séjourne dans les années 70, il se perfectionne auprès de Homero Hidrovo, guitariste et joueur de requinto et, passionné de folklore sud américain, y approfondit ses recherches dans ce domaine et en imprègne sa musique. En France, il se perfectionne au Conservatoire national de Metz sous la direction de Jean-Jacques Griesser et de Claude Poletti. La rencontre, en 2003, de Jaime Cordoba et d’Alexandre Bernoud est à l’origine de la formation du quatuor de guitares qui porte son nom – Quatuor Cordoba – auquel il dédie une Suite colombiana.
Carlos Aguirre est pianiste, compositeur et arrangeur. Au contact d’Eduardo Isaac qui vit dans la même ville que lui, il s’intéresse de près à la guitare, y trouvant un compromis naturel entre la technique « savante » de l’instrument et les rythmes et formes issus de la musique populaire argentine. Romanza, Rumor de tambores (un candombe) et La calma font partie de la suite pour guitare Imagenes qui a donné son nom à cet album.
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