Description
A l’exception de Boris Papandopulo, figure marquante du monde musical croate au siècle dernier, les compositeurs réunis dans cet album sont également guitaristes, ils sont nés entre 1955 et 1964. Ce sont Dušan Bogdanović, originaire de Belgrade, le bulgare Atanas Ourkouzounov, né à Bourgas, le serbo-croate Mirolav Tadić, le grec Apostolos Paraskevas, né à Volos et Vojislav Ivanović, de Sarajevo. Tous cultivent – dans des styles variés – une vigueur identique, la formidable énergie de la musique traditionnelle des Balkans dont l’influence se manifeste dans leurs compositions par de fréquents changements de mesure, par l’usage d’accents vigoureux, mais aussi au travers de l’extrême beauté émanant de leurs mélodies lentes et nostalgiques. On ne pouvait imaginer meilleur ambassadeur que Zoran Dukić pour cristalliser l’intensité de ces musiques.
Six Balkan Miniatures
Dans les années 90, je reçus la visite de Bill Kanengiser qui était alors en quête de musique d’influence populaire. Je lui ai montré quelques-unes de mes compositions mais son choix s’est porté sur trois petites pièces qui traînaient dans mon armoire. J’y ai ajouté trois autres mouvements pour former une suite plus consistante. L’unique citation littérale que l’on y trouve est celle d’une danse,Vranjanka. Les autres mouvements, bien que basés sur des modèles ethniques, représentent peut-être ce que Bartok nommait « folklore imaginaire ». Le matériau populaire et le nombre « six » semblaient désigner les six républiques désagrégées que l’on connaissait sous le nom de Yougoslavie, mon pays natal. Suite à la guerre douloureuse qui a déchiré ma patrie, j’ai pensé que ce serait un petit geste positif que de dédier cette composition à la Paix Mondiale. Dušan Bogdanović
Fantasia (Hommage à Maurice Ohana)
La grande affinité que je ressens pour la musique de Maurice Ohana remonte à la période où j’étais étudiant. Ohana est certainement l’une des voix les plus originales qui se soit exprimée dans la musique pour guitare au 20ème siècle, j’ai voulu lui rendre hommage. La Fantasia, composée en 2009, est dédiée à Zoran Dukić. Elle suit la tradition vénérable de l’esprit improvisateur propre à la forme de la fantaisie et du ricercar. Elle est basée sur un développement contrapuntique par le biais de l’imitation et de la transformation des motifs. A l’exception d’un extrait du Tiento d’Ohana qui apparaît à la fin du morceau comme un mirage venu d’un autre monde, il n’y a pas de citation littérale de la musique du compositeur dans cette fantaisie pourtant totalement imprégnée de son esprit. L’intense émotivité des Balkans – une sorte de langage jumeau du cante jondo si typique de l’œuvre de Maurice Ohana – est utilisée ici comme un dispositif propulsif sous-jacent, ainsi que la polymodalité et la texture rythmique complexe. Dušan Bogdanović
Sonata No.1
J’étais encore aux études au Conservatoire de Paris lorsque j’ai écrit cette sonate, en 1996, je l’ai d’ailleurs jouée lors de mon examen final de guitare. C’était ma première composition pour guitare seule d’une telle ampleur. L’influence de la musique des Balkans est présente dans cette sonate comme dans la plupart de mes pièces. Les trois mouvements sont fortement unis par l’utilisation d’un langage modal et par la présence de rythmes composés et d’éléments thématiques communs. Dans le second mouvement, la mélodie est traitée de manière polyphonique. On y retrouve, sous une forme développée, la partie centrale du premier mouvement. Le même procédé est utilisé dans le troisième mouvement qui emprunte plusieurs éléments issus du premier, notamment les percussions servant de conclusion à la pièce. Atanas Ourkouzounov
Makedonsko devojce
Makedonsko devojče est probablement l’une des chansons les plus connues de Macédoine, elle a pour sujet la beauté inégalée des femmes de cette région. Bien que conçue en 1964 par le célèbre créateur de chansons Jonče Hristovski, son extrême popularité l’a élevée au rang de musique … populaire ! Ma composition intitulée « Macedonian Girl » s’est considérablement éloignée de l’original – nettement plus simple et léger – tout en préservant sa belle ligne mélodique. Sans surprise, la pièce est en 7/8, la mesure la plus courante dans la musique macédonienne. Mirolav Tadić
Walk Dance
Walk Dance prend pour base une danse traditionnelle portant le nom de Kalajdžisko oro. Il existe pas mal de versions régionales de cette danse, j’y ai puisé plusieurs phrases mélodiques pour structurer ma composition.
La chorégraphie de cette danse s’inspire des mouvements des artisans chaudronniers et ferblantiers qui réparaient ou fabriquaient des ustensiles et de grands plats en métal au début du siècle dernier. Il est fréquent de trouver comme base de la chorégraphie des danses folkloriques d’Europe de l’Est l’évocation de gestes quotidiens des travailleurs de la terre ou d’autres métiers manuels. Mirolav Tadić
Sonata
J’ai composé ma sonate pour guitare en 1981 et j’en ai personnellement assuré la création en 1984. Cette sonate a subi plusieurs transformations, mais c’est ma collaboration avec Zoran Dukić qui a donné à l’œuvre sa forme définitive en 1999. La pièce qui suit le schéma de la sonate classique est fortement influencée par le langage rythmique, mélodique et harmonique du jazz et de la musique traditionnelle des Balkans. Le premier mouvement observe assez strictement la forme-sonate ; le premier thème rapide et chromatique est suivi d’un motif, diatonique modal, de conception plus libre. Le second mouvement est une chanson plaintive construite sur deux sujets, un choral homophonique et une pastorale, tandis que le dernier mouvement qui portait à l’origine le sous-titre de « Rondo alla Couperin » présente en alternance un refrain et des couplets. Cela dit, je crois sincèrement que la musique parle d’elle-même, indépendamment de son éventuelle complexité ou simplicité, je l’offre de tout mon cœur à qui l’écoutera. Vojislav Ivanović
Tri Igre (Boris Papandopulo)
Fils d’un père grec et d’une mère croate, la chanteuse d’opéra Maja Strozzi-Pečić, Boris Papandopulo a étudié la composition à Zagreb et la direction d’orchestre à Vienne. Il devient rapidement une personnalité importante du panorama musical Croate. Il dirige les chœurs Kolo à Zagreb et Zvonimir à Split, on le retrouve au Théâtre National Croate et à la tête de l’orchestre symphonique de la radio croate. On lui doit plusieurs centaines de compositions incluant des opéras, des ballets, des concertos, de la musique symphonique, de la musique de chambre ainsi que les « Tri Igre » (trois danses) écrites pour la guitare en 1975 enregistrées ici.
The Chase Dance (Apostolos Paraskevas)
Littéralement “danse poursuite”, la Chase Dance est une pièce rythmique, de tempo rapide, précédée d’une introduction lente et non mesurée. La plupart des motifs de cette danse sont empruntés au répertoire de la musique grecque traditionnelle. Les changements de mesure fréquents (2/8, 5/8, 6/8, 7/8 et 9/8) et l’usage intensif d’accents contribuent au climat de tension de la pièce et renforcent l’impression de poursuite.
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